L’approche Gestaltique du changement :
Avancer en marchant, c’est passé d’un déséquilibre à un autre déséquilibre.
Changer, c’est renoncer à la sécurité de ce que l’on était pour devenir ce que l’on devient.
-C’est la souffrance qui pousse au changement.
-C’est la peur et l’habitude qui le freinent.
-C’est la conscience qui le porte.
Dans le changement, la perte est tangible (le territoire que je quitte est bien cartographié) et le bénéfice incertain (le nouveau territoire est encore flou). Changer, c’est lâcher la proie (de l’inajustés) pour l’ombre (du meilleur). Comment m’emparer du curseur entre la sécurité conservatrice et la transformation créatrice permettant de dynamiser mon potentiel d’accomplissement.
Changer, c’est mobiliser les moyens d’adaptation et prendre le risque de s’égarer. C’est rencontrer ses résistances ; mettre en doute ses croyances, valeurs, modèles, processus opératoires ; prendre le risque d’essayer, de se tromper, d’être au plus mal, recommencer, améliorer. Avoir peur d’échouer, de se perdre.
Ainsi je vais créer un nouvel état de mois, mieux ajusté à ma réalité actuelle….
…. Et le monde va continuer de tourner. Mes besoins d’évoluer. Ma conscience de se modifier…..
….Transformant lentement mon ajustement créateur en ajustement conservateur, qui ne permet plus de répondre harmonieusement aux nouveau besoin.
Il va donc à nouveau falloir remobiliser mon énergie adaptative. Réactiver mon processus d’ajustement créateur….
Mais cela ne peut s’activer dans la violence ou sous la contrainte (externe ou interne). Cela ne peut s’accomplir que dans la bienveillance, la douceur, la lenteur et la persévérance.
Le changement se produit lorsque l’on devient ce que l’on est, et non quand on tente de devenir ce que l’on n’est pas.
Une personne ne peut pas changer à l’aide d’une tentative coercitive faite sur elle-même ou venant d’une autre personne, mais le changement se produit si cette personne consacre le temps et les efforts requis pour être ce qu’il est ; être pleinement investi dans ses fonctionnements actuels.
En rejetant le rôle de moteur de changement, nous rendons possibles des changements significatifs et ordonnés.
Le gestalt-thérapeute à Grenoble rejette le rôle de « changeur », car sa stratégie est d’encourager, voire de pousser, le patient à être ce qu’il est là où il est.
Il croit que le changement ne se fait ni en « essayant », ni par la contrainte, la persuasion, la perspicacité, l’interprétation ou tout autre moyen similaire.
Au contraire, le changement peut se produire lorsque le patient abandonne, au moins pour le moment, ce qu’il voudrait devenir et tente d’être ce qu’il est.
La prémisse est que la personne doit se tenir à un seul endroit afin d’avoir appui solide pour se déplacer et qu’il est difficile, voire impossible, de se déplacer sans cet appui.
La personne qui cherche à changer en suivant une thérapie se trouve en conflit avec au moins deux factions intrapsychiques contradictoires.
Il est constamment balancé entre ce qu’il « devrait être » et ce qu’il pense qu’il « est », sans jamais s’identifier pleinement avec l’un ou l’autre.
La gestalt-thérapie invite le patient à s’investir pleinement dans ces rôles, un à la fois.
Quel que soit le rôle par lequel il commence, le patient bascule bientôt vers l’autre.
Le gestalt-thérapeute lui propose simplement d’être ce qu’il est sur l’instant
Le patient vient vers le thérapeute parce qu’il veut être changé.
De nombreuses thérapies acceptent cela comme un objectif légitime et définissent des moyens variés pour essayer de le changer, établissant que les anciennes valeurs du moi doivent se « soumettre » aux nouvelles valeurs.
Un thérapeute qui cherche à aider un patient a quitté la position égalitaire et est devenu l’expert qui sait, pendant que le patient joue la personne en détresse, mais son but est que lui et le patient deviennent des égaux.
Le gestalt-thérapeute estime que la dichotomie « Ancien moi soumis / Nouveau moi dominant » existe déjà chez le patient, chaque part essayant de changer l’autre, et que le thérapeute doit éviter de s’enfermer dans un de ces rôles.
Il essaie d’éviter ce piège en encourageant le patient à accepter les deux parts, une à la fois, comme siennes.
La thérapie analytique, en revanche, utilise des dispositifs tels que les rêves, les associations libres, le transfert et l’interprétation pour atteindre la prise de conscience qui, à son tour, peut conduire à des changements.
Les thérapies comportementalistes récompenses ou punissent les comportements afin de les modifier.
La gestalt-thérapie croit au soutien du patient pour découvrir et devenir tout ce qu’il expérimente sur l’instant.
Il croit avec Proust que « on ne guérit d’une souffrance qu’à condition de l’éprouver pleinement. »
Le gestalt-thérapeute croit en outre que l’état naturel de l’homme est d’être singulier et complet ; et non fragmenté en deux ou plusieurs parties opposées.
Dans l’état naturel, il y a un changement perpétuel basé sur l’interaction dynamique entre soi et l’environnement.
Kardiner a observé que dans le développement de sa théorie structurelle des mécanismes de défense, Freud a transformé certains processus en structures (par exemple, « être en train de nier » en « déni »).
Le gestalt-thérapeute perçoit que le changement devient possible lorsque l’inverse se produit, c’est-à-dire lorsque les structures se transforment en processus.
Lorsque cela se produit, on est ouvert à l’échange participatif avec l’environnement.
Lorsqu’ils sont aliénés, les individus avec un Self fragmenté investissent des rôles séparés, cloisonnés ; le gestalt-thérapeute favorise la communication entre les rôles, il peut même leur demander de parler les uns aux autres.
Si le patient s’oppose à ceci ou exprime un blocage, le thérapeute lui demande simplement de s’investir pleinement dans l’opposition ou blocage.
L’expérience a montré que lorsque le patient s’identifie avec ses fragments aliénés, l’unification se produit.
Ainsi, en étant – pleinement- ce que l’on est, on peut devenir quelque chose d’autre.
Le thérapeute n’est pas celui qui cherche le changement, mais celui qui cherche seulement à être qui il est.
Les efforts du patient pour faire entrer le thérapeute dans l’un de ses propres stéréotypes de personnes (par exemple un aidant ou un dominant), crée des conflits entre eux.
Le point final est atteint lorsque chacun peut être lui-même tout en maintenant un contact intime avec l’autre.
Le thérapeute, lui aussi, est amené à changer puisqu’il cherche à être lui-même avec une autre personne.
Ce type d’interaction mutuelle ouvre la possibilité que plus le thérapeute change et plus il est efficace, car quand il est ouvert au changement, il aura probablement un plus grand impact sur son patient.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’homme se trouve dans une position où, plutôt que de devoir se plier à un ordre existant, il doit être capable de s’adapter à une série d’ordres en mutation.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la durée de vie d’un individu est supérieure au temps nécessaire pour que des changements sociaux et culturels majeurs surviennent.
De plus, la rapidité avec laquelle ce changement se produit s’accélère.
Ces thérapies qui se focalisent sur le passé et l’histoire individuelle le font en vertu de l’hypothèse que si une personne résout les problèmes autour d’un événement traumatique personnel (habituellement dans la prime enfance ou dans l’enfance), il sera pour toujours prêt à se confronter au monde, puisque le monde est considéré comme un ordre stable.
Aujourd’hui, pourtant, le problème devient de discerner comment chacun est en relation avec une société en mutation.
Face à un système pluraliste, multiple et changeant, l’individu est laissé à lui-même pour trouver la stabilité.
Il doit le faire par une démarche qui lui permette de s’adapter de manière souple et dynamique, tout en conservant un certain gyroscope central pour le guider.
Il ne peut plus faire cela avec des idéologies, qui deviennent obsolètes, mais doit le faire avec une théorie du changement, qu’elle soit explicite ou implicite.
Le but de la thérapie devient non pas tant de développer une personnalité bonne et réparée, mais d’être en mesure d’évoluer avec le temps tout en conservant une certaine stabilité individuelle.
Le domaine d’étude de la psychiatrie a été élargi au-delà de l’individu, car il est devenu évident que le problème le plus crucial devant nous est le développement d’une société qui soutienne chaque personne dans son individualité.
Je crois que la théorie du changement décrite ici est également applicable à des systèmes sociaux, et que le changement ordonné au sein de systèmes sociaux se fait dans le sens de l’intégration et du holisme ; et qu’en outre l’agent du changement social a pour fonction principale de travailler avec et dans une organisation, de sorte que son propre changement peut être cohérent avec l’équilibre changeant et dynamique à l’intérieur et l’extérieur de l’organisation.
Ceci nécessite que le système prenne conscience de ses parties aliénés, à l’intérieur et à l’extérieur, afin de les ramener dans les activités fonctionnelles principales, par des procédés analogues à celui de l’identification chez l’individu.
Premièrement, il y a une prise de conscience au sein du système qu’une aliénée existe ; puis cette partie est acceptée comme la conséquence légitime d’un besoin fonctionnel, qui est alors explicitement et délibérément mobilisé, et à qui l’on donne la possibilité d’opérer comme une force explicite.
Ceci, à son tour, permet la communication avec les autres sous-systèmes et facilite le développement intégré et harmonieux de l’ensemble du système.
Avec un changement qui s’accélère à un rythme exponentiel, il est crucial pour la survie de l’humanité qu’une méthode ordonnée du changement social soit trouvée.
La théorie du changement proposée ici trouve ses racines dans la psychothérapie.
Elle a été élaborée comme un résultat de relations thérapeutiques dyadiques [*].
Mais il apparaît que les mêmes principes sont valables dans le cadre du changement social, et qu’un processus de changement individuel est un microcosme de processus de changement social.
Les parties disparates, non intégrées, contradictoires, représentent une menace majeure pour la société, comme elle le font pour l’individu.
La ségrégation des personnes âgées, des jeunes, des riches, des pauvres, des noirs, des blancs, des universitaires, des ouvriers, etc., chacun séparé des autres par des différences générationnelles, géographiques ou sociales, est une menace pour la survie de l’humanité.
Nous devons trouver des moyens pour relier ces fragments compartimentés l’un à l’autre, en tant qu’éléments participatifs d’un système unifié de systèmes.
La théorie paradoxale du changement social proposée ici est basée sur les stratégies développées par Perls dans sa Gestalt-thérapie.
Elles sont applicables, d’après la perception de l’auteur, aux organisations communautaires, au développement communautaire et à tout autre processus de changement cohérent avec un cadre politique démocratique.
[*] Emprunté au dérivé grec δυαδικός duadikos « qui se rapporte au nombre deux ». Ici : une relation entre deux personnes, le thérapeute et son patient. Habituellement, le mot consacré est « duelles » mais je n’aime pas trop ce terme, si proche du « duel »…
Jean-Louis Lamouille est psychologue du travail à Grenoble / Isère.
Il intervient sur toute la région Rhône Alpes en entreprise (Diagnostic social) pour la qualité de vie au travail, la prévention du burn-out, les risques psycho-sociaux.
Il pratique la sophrologie, la Gestalt-thérapie et la médiation.
L’approche Gestaltique du changement :
Avancer en marchant, c’est passé d’un déséquilibre à un autre déséquilibre.
Changer, c’est renoncer à la sécurité de ce que l’on était pour devenir ce que l’on devient.
-C’est la souffrance qui pousse au changement.
-C’est la peur et l’habitude qui le freinent.
-C’est la conscience qui le porte.
Dans le changement, la perte est tangible (le territoire que je quitte est bien cartographié) et le bénéfice incertain (le nouveau territoire est encore flou). Changer, c’est lâcher la proie (de l’inajustés) pour l’ombre (du meilleur). Comment m’emparer du curseur entre la sécurité conservatrice et la transformation créatrice permettant de dynamiser mon potentiel d’accomplissement.
Changer, c’est mobiliser les moyens d’adaptation et prendre le risque de s’égarer. C’est rencontrer ses résistances ; mettre en doute ses croyances, valeurs, modèles, processus opératoires ; prendre le risque d’essayer, de se tromper, d’être au plus mal, recommencer, améliorer. Avoir peur d’échouer, de se perdre.
Ainsi je vais créer un nouvel état de mois, mieux ajusté à ma réalité actuelle….
…. Et le monde va continuer de tourner. Mes besoins d’évoluer. Ma conscience de se modifier…..
….Transformant lentement mon ajustement créateur en ajustement conservateur, qui ne permet plus de répondre harmonieusement aux nouveau besoin.
Il va donc à nouveau falloir remobiliser mon énergie adaptative. Réactiver mon processus d’ajustement créateur….
Mais cela ne peut s’activer dans la violence ou sous la contrainte (externe ou interne). Cela ne peut s’accomplir que dans la bienveillance, la douceur, la lenteur et la persévérance.
Le changement se produit lorsque l’on devient ce que l’on est, et non quand on tente de devenir ce que l’on n’est pas.
Une personne ne peut pas changer à l’aide d’une tentative coercitive faite sur elle-même ou venant d’une autre personne, mais le changement se produit si cette personne consacre le temps et les efforts requis pour être ce qu’il est ; être pleinement investi dans ses fonctionnements actuels.
En rejetant le rôle de moteur de changement, nous rendons possibles des changements significatifs et ordonnés.
Le gestalt-thérapeute à Grenoble rejette le rôle de « changeur », car sa stratégie est d’encourager, voire de pousser, le patient à être ce qu’il est là où il est.
Il croit que le changement ne se fait ni en « essayant », ni par la contrainte, la persuasion, la perspicacité, l’interprétation ou tout autre moyen similaire.
Au contraire, le changement peut se produire lorsque le patient abandonne, au moins pour le moment, ce qu’il voudrait devenir et tente d’être ce qu’il est.
La prémisse est que la personne doit se tenir à un seul endroit afin d’avoir appui solide pour se déplacer et qu’il est difficile, voire impossible, de se déplacer sans cet appui.
La personne qui cherche à changer en suivant une thérapie se trouve en conflit avec au moins deux factions intrapsychiques contradictoires.
Il est constamment balancé entre ce qu’il « devrait être » et ce qu’il pense qu’il « est », sans jamais s’identifier pleinement avec l’un ou l’autre.
La gestalt-thérapie invite le patient à s’investir pleinement dans ces rôles, un à la fois.
Quel que soit le rôle par lequel il commence, le patient bascule bientôt vers l’autre.
Le gestalt-thérapeute lui propose simplement d’être ce qu’il est sur l’instant
Le patient vient vers le thérapeute parce qu’il veut être changé.
De nombreuses thérapies acceptent cela comme un objectif légitime et définissent des moyens variés pour essayer de le changer, établissant que les anciennes valeurs du moi doivent se « soumettre » aux nouvelles valeurs.
Un thérapeute qui cherche à aider un patient a quitté la position égalitaire et est devenu l’expert qui sait, pendant que le patient joue la personne en détresse, mais son but est que lui et le patient deviennent des égaux.
Le gestalt-thérapeute estime que la dichotomie « Ancien moi soumis / Nouveau moi dominant » existe déjà chez le patient, chaque part essayant de changer l’autre, et que le thérapeute doit éviter de s’enfermer dans un de ces rôles.
Il essaie d’éviter ce piège en encourageant le patient à accepter les deux parts, une à la fois, comme siennes.
La thérapie analytique, en revanche, utilise des dispositifs tels que les rêves, les associations libres, le transfert et l’interprétation pour atteindre la prise de conscience qui, à son tour, peut conduire à des changements.
Les thérapies comportementalistes récompenses ou punissent les comportements afin de les modifier.
La gestalt-thérapie croit au soutien du patient pour découvrir et devenir tout ce qu’il expérimente sur l’instant.
Il croit avec Proust que « on ne guérit d’une souffrance qu’à condition de l’éprouver pleinement. »
Le gestalt-thérapeute croit en outre que l’état naturel de l’homme est d’être singulier et complet ; et non fragmenté en deux ou plusieurs parties opposées.
Dans l’état naturel, il y a un changement perpétuel basé sur l’interaction dynamique entre soi et l’environnement.
Kardiner a observé que dans le développement de sa théorie structurelle des mécanismes de défense, Freud a transformé certains processus en structures (par exemple, « être en train de nier » en « déni »).
Le gestalt-thérapeute perçoit que le changement devient possible lorsque l’inverse se produit, c’est-à-dire lorsque les structures se transforment en processus.
Lorsque cela se produit, on est ouvert à l’échange participatif avec l’environnement.
Lorsqu’ils sont aliénés, les individus avec un Self fragmenté investissent des rôles séparés, cloisonnés ; le gestalt-thérapeute favorise la communication entre les rôles, il peut même leur demander de parler les uns aux autres.
Si le patient s’oppose à ceci ou exprime un blocage, le thérapeute lui demande simplement de s’investir pleinement dans l’opposition ou blocage.
L’expérience a montré que lorsque le patient s’identifie avec ses fragments aliénés, l’unification se produit.
Ainsi, en étant – pleinement- ce que l’on est, on peut devenir quelque chose d’autre.
Le thérapeute n’est pas celui qui cherche le changement, mais celui qui cherche seulement à être qui il est.
Les efforts du patient pour faire entrer le thérapeute dans l’un de ses propres stéréotypes de personnes (par exemple un aidant ou un dominant), crée des conflits entre eux.
Le point final est atteint lorsque chacun peut être lui-même tout en maintenant un contact intime avec l’autre.
Le thérapeute, lui aussi, est amené à changer puisqu’il cherche à être lui-même avec une autre personne.
Ce type d’interaction mutuelle ouvre la possibilité que plus le thérapeute change et plus il est efficace, car quand il est ouvert au changement, il aura probablement un plus grand impact sur son patient.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’homme se trouve dans une position où, plutôt que de devoir se plier à un ordre existant, il doit être capable de s’adapter à une série d’ordres en mutation.
Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la durée de vie d’un individu est supérieure au temps nécessaire pour que des changements sociaux et culturels majeurs surviennent.
De plus, la rapidité avec laquelle ce changement se produit s’accélère.
Ces thérapies qui se focalisent sur le passé et l’histoire individuelle le font en vertu de l’hypothèse que si une personne résout les problèmes autour d’un événement traumatique personnel (habituellement dans la prime enfance ou dans l’enfance), il sera pour toujours prêt à se confronter au monde, puisque le monde est considéré comme un ordre stable.
Aujourd’hui, pourtant, le problème devient de discerner comment chacun est en relation avec une société en mutation.
Face à un système pluraliste, multiple et changeant, l’individu est laissé à lui-même pour trouver la stabilité.
Il doit le faire par une démarche qui lui permette de s’adapter de manière souple et dynamique, tout en conservant un certain gyroscope central pour le guider.
Il ne peut plus faire cela avec des idéologies, qui deviennent obsolètes, mais doit le faire avec une théorie du changement, qu’elle soit explicite ou implicite.
Le but de la thérapie devient non pas tant de développer une personnalité bonne et réparée, mais d’être en mesure d’évoluer avec le temps tout en conservant une certaine stabilité individuelle.
Le domaine d’étude de la psychiatrie a été élargi au-delà de l’individu, car il est devenu évident que le problème le plus crucial devant nous est le développement d’une société qui soutienne chaque personne dans son individualité.
Je crois que la théorie du changement décrite ici est également applicable à des systèmes sociaux, et que le changement ordonné au sein de systèmes sociaux se fait dans le sens de l’intégration et du holisme ; et qu’en outre l’agent du changement social a pour fonction principale de travailler avec et dans une organisation, de sorte que son propre changement peut être cohérent avec l’équilibre changeant et dynamique à l’intérieur et l’extérieur de l’organisation.
Ceci nécessite que le système prenne conscience de ses parties aliénés, à l’intérieur et à l’extérieur, afin de les ramener dans les activités fonctionnelles principales, par des procédés analogues à celui de l’identification chez l’individu.
Premièrement, il y a une prise de conscience au sein du système qu’une aliénée existe ; puis cette partie est acceptée comme la conséquence légitime d’un besoin fonctionnel, qui est alors explicitement et délibérément mobilisé, et à qui l’on donne la possibilité d’opérer comme une force explicite.
Ceci, à son tour, permet la communication avec les autres sous-systèmes et facilite le développement intégré et harmonieux de l’ensemble du système.
Avec un changement qui s’accélère à un rythme exponentiel, il est crucial pour la survie de l’humanité qu’une méthode ordonnée du changement social soit trouvée.
La théorie du changement proposée ici trouve ses racines dans la psychothérapie.
Elle a été élaborée comme un résultat de relations thérapeutiques dyadiques [*].
Mais il apparaît que les mêmes principes sont valables dans le cadre du changement social, et qu’un processus de changement individuel est un microcosme de processus de changement social.
Les parties disparates, non intégrées, contradictoires, représentent une menace majeure pour la société, comme elle le font pour l’individu.
La ségrégation des personnes âgées, des jeunes, des riches, des pauvres, des noirs, des blancs, des universitaires, des ouvriers, etc., chacun séparé des autres par des différences générationnelles, géographiques ou sociales, est une menace pour la survie de l’humanité.
Nous devons trouver des moyens pour relier ces fragments compartimentés l’un à l’autre, en tant qu’éléments participatifs d’un système unifié de systèmes.
La théorie paradoxale du changement social proposée ici est basée sur les stratégies développées par Perls dans sa Gestalt-thérapie.
Elles sont applicables, d’après la perception de l’auteur, aux organisations communautaires, au développement communautaire et à tout autre processus de changement cohérent avec un cadre politique démocratique.
[*] Emprunté au dérivé grec δυαδικός duadikos « qui se rapporte au nombre deux ». Ici : une relation entre deux personnes, le thérapeute et son patient. Habituellement, le mot consacré est « duelles » mais je n’aime pas trop ce terme, si proche du « duel »…
Jean-Louis Lamouille est psychologue du travail à Grenoble / Isère.
Il intervient sur toute la région Rhône Alpes en entreprise (Diagnostic social) pour la qualité de vie au travail, la prévention du burn-out, les risques psycho-sociaux.
Il pratique la sophrologie, la Gestalt-thérapie et la médiation.